L’ego

On vit dans un monde où la culture actuelle parle de supprimer l’ego pour connaître l’éveil comme le bouddha. On parle de pratiquer la méditation de pleine conscience, de manger végan pour aider les animaux, de ne jamais se mettre en colère, et encore moins avoir peur… on nous impose la dictature du bonheur. Vous devez être heureux. Si vous ne l’êtes pas, c’est parce que vous ne le voulez pas.

Je suis en colère ? allez, je vais faire une séance de méditation et pratiquer la communication non violente. Autant aller plus loin et s’exiler quelque part sur une île déserte pour éviter toute source de stress et certains ont réussi à le faire dans le sud de l’Inde en créant une ville dont j’ai totalement oublié le nom où ils pratiquent méditation et yoga en vue de supprimer l’égo.

Jusqu’à présent, je n’avais jamais trouvé de manuels pour gérer toutes ces émotions parce que je m’interdisais de les ressentir enfant, alors j’ai naturellement été vers les drogues puisqu’elles avaient cette capacité à anesthésier toutes mes mauvaises émotions. Je suis née et j’ai grandi dans un système familial complètement défectueux. Mon cerveau limbique était en mode alerte en permanence vu que je vivais avec des parents très dangereux, maltraitants, violents et personne ne pouvait me faire sortir de ce système dysfonctionnel. En fait, les adultes autour assistaient à la maltraitance et ils en rajoutaient une couche, disant que ça venait des enfants, qu’il fallait les punir de mentir, parce que ces enfants criaient à l’aide en dénonçant des viols et un inceste subi par un père alcoolique, incestueux et violent. Et donc, on s’enferme, on s’interdit de ressentir pour ne plus souffrir, pour supporter ça jusqu’à l’âge adulte où on espère une voie de sortie de cet enfer permanent.

Arrive alors l’âge adulte et j’ai cherché de nombreuses réponses et l’une d’entre elles a été de consommer longtemps coke et crack. Cela a créé un nombre incalculable de problèmes, me stigmatisant davantage, me propulsant dans la rue et la dépendance. Alors, j’ai cherché au travers de la psychiatrie et ce n’est que lorsque j’ai réussi à arrêter la coke que j’ai découvert le pot aux roses : les psychiatres n’avaient aucune solution à mes problèmes de programmes devenus obsolètes et créés dans l’enfance. Si ! Ils en avaient une : anesthésier tout ça à coup de médicaments qui ont créé encore plus de désordre dans le cerveau sous prétexte de soigner un dérèglement chimique qui n’a jamais existé.

Tant bien que mal, je me suis relevée de tous ces enfers en commençant par arrêter de consommer de la drogue. Le sevrage n’est vraiment pas difficile. En fait, le plus dur est que l’on se retrouve dans un monde chaotique, source de souffrances et d’attaques permanentes, avec des programmes installés dans l’ego qui ne font pas les bons calculs mathématiques en vue de résoudre ce qui vient de l’extérieur et finalement de l’intérieur.

Vient alors la méditation, manger végan, pratiquer la communication non violente, suivre une thérapie, payer quelqu’un juste pour parler, pour comprendre ces programmes défectueux en soi mais tout cela, même si j’ai encore appris des choses, m’a éloigné de moi. Je vivais dans l’idée que l’égo est mauvais, que l’ego est à supprimer puisqu’il est source de souffrances jusqu’à ce que je comprenne que je lui dois bien des choses.

L’ego est chez l’humain ce que le système d’exploitation est pour l’ordinateur. Il est là pour exécuter des programmes encodés dans l’enfance et renforcé dans l’adolescence. Il permet de faire tourner l’ordinateur. Le programmeur, c’est vous. Encore faut-il savoir programmer, savoir installer et désinstaller des programmes, savoir utiliser le système d’exploitation et en comprendre son fonctionnement de base. Mais tout ça n’est enseigné nulle part. Des études se font : en sociologie, en anthropologie, en psychologie afin de mieux cerner et comprendre ce fameux système d’exploitation. Certains, pris par leurs propres programmes défectueux, en ont érigé des énormités devenues banales comme le fameux complexe d’œdipe de Freud enseigné à tort et à travers chez tous les psys du monde. Pour ce fameux complexe qui n’existe pas, il faut comprendre l’histoire. L’histoire est la seule branche subjective qui nous permet de comprendre de manière plus objective. Freud pratiquait l’hypnose et de nombreuses patientes sous hypnose avaient alors accès à leurs mémoires traumatiques et décrivaient des rapports sexuels qu’elles subissaient la nuit pour les oublier le jour. Ne croyant pas que l’inceste existait vraiment, il a pondu dans son fameux Introduction à la psychanalyse (lu à 16 ans…) le complexe d’œdipe pour expliquer ce qu’il refusait d’entendre comme des millions de personnes à son époque et toujours actuellement. On préfère dire que l’enfant a des fantasmes sexuels au lieu d’admettre qu’il vit l’innommable, l’irréparable, une torture imposée dans l’intimité de son foyer.

Revenons à l’égo, je m’éloigne du sujet.

L’ego est mal vu. On dit, comme l’a fait bouddha, qu’il est la source de toutes les souffrances et que pour connaître l’éveil spirituel, il faut le supprimer. Si l’égo ne servait vraiment à rien, alors pourquoi en serions-nous dotés ? Êtes-vous capable d’utiliser un ordinateur sans système d’exploitation ? Non. Alors, devenez ami avec ce système d’exploitation que vous ne comprenez pas. Apprenez à reconnaître ses programmes encodés et installés pour savoir ce que vous gardez et ce que vous utilisez. Et désinstallez le reste.

La méditation enseigne de ne pas écouter ses pensées. Et si on allait dans l’écoute et la compréhension de ces millions de pensées qui sont les lignes de code permettant d’exécuter les programmes de la vie quotidienne ? La méditation peut avoir l’utilité d’apprendre à écouter ces pensées, ces émotions, parce que tout ça, c’est une tonne d’informations qui sont traitées en fonction des programmes installés. Alors, oubliez la communication non-violente, cessez de mettre votre argent dans des cours de méditation et mangez à nouveau ce steak haché que votre corps réclame. Au lieu de détruire le système d’exploitation, apprenez à l’utiliser pour vous.