l’abîme

Je suis face à ce néant, cet abîme, ce trou sans fin. Celui que j’ai toujours voulu éviter, fuir, partir très loin. Loin de moi, loin des autres et de ce monde de souffrances. Il disait quoi déjà ? Qu’il avait créé l’homme pour une vie de combat. Mais, des combats, Dieu sait que j’en ai mené. Des guerres contre moi, contre eux, contre la société, contre tous ces humains, source de mes souffrances les plus terribles. Et, j’en ai gagné certaines, mais j’en ai perdu beaucoup parce que le combat était perdu d’avance. Avant même que je ne commence à respirer dans ce monde à ma naissance.

Je suis de nouveau seule ce soir. Devant le désert. Elle est venue me visiter en rêve pour me dire que j’allais traverser seule un désert, que personne ne sera là, alors j’ai cherché refuge auprès de son fils qui, lui aussi, avait traversé le désert seul pendant 40 jours. J’ai prié. J’ai médité. J’ai pleuré et je me suis isolée pour chercher refuge auprès de celui qui m’a créé.

Je suis seule, face à l’abîme et l’envie de me jeter, de tout quitter, de me droguer, de boire jusqu’à en mourir est tellement présent ce soir. Je ne veux plus me battre encore et encore pour des combats perdus d’avance.

L’abîme a raison de moi. Je vais finir par me jeter dedans pour y retourner. Me suicider encore une fois parce que celui qui m’a créé m’a totalement abandonnée.